Lectures Hebdomadaires

La bande dessinée, c'est tout !

« Le processus créatif résulte toujours
d’un emboîtement spontané
qu’on reconstruit après coup.
 »
Frédérik Peeters

Ronin de Frank Miller

Je dois l’admettre, il m’est de plus en plus difficile de trouver du temps pour écrire… Cependant, les lectures hebdomadaires continuent ! Même si elles sont de moins en moins ponctuelles…

Cette fois-ci, je me suis attaqué à un classique du comics américain de chez DC : Ronin, de Frank Miller. Publié entre 1983 et 1984 en six volumes, Urban Comics réédite ce chef-d’œuvre en mars 2016.

 

Couverture de Ronin © 1983, DC Comics, 2016, Urban Comics, Frank Miller

Couverture de Ronin © 1983, DC Comics, 2016, Urban Comics, Frank Miller

Difficile de retracer rapidement l’immense carrière de Frank Miller ! Pour faire simple, il débute chez Gold Key, puis commence directement chez les grandes maisons : DC et Marvel. Après avoir griffonné sur Spider-Man, il révolutionne Daredevil puis Batman. En plus de ses contributions plus que novatrices chez les géants du comics américain, F. Miller développe ses propres univers chez Dark Horse : Sin City, 300, Martha Washington et Big Guy and Rusty. Mais l’auteur complet ne s’arrête pas là et va même jusqu’à scénariser pour Hollywood ! À noter, RoboCop 2 et 3 (1990 et 1993), ainsi que The Spirit (2008), et cela sans compter les adaptations de ses propres séries au cinéma.
Dans le développement de son œuvre, Ronin a une place toute particulière, puisque comme le dit Jenette Kahn dans la préface de cette réédition, c’est la première fois que Frank Miller peut publier une bande dessinée étant le pur produit de son imagination.

 

Au Japon féodal du XIIIe siècle, le démon Agat cherche à tuer le seigneur Ozaki pour récupérer la lame de sang, un katana aux pouvoirs magiques mystérieux. Ozaki est accompagné de son vassal et disciple, un samouraï sans nom. Lorsqu’il se fait assassiner par le démon, le samouraï se retrouve sans maître et devient un ronin. Après quelques années d’errance, le ronin, qui a conservé la lame de sang, parvient enfin à retrouver le démon pour venger son maître. L’affrontement est épique et a pour conclusion le sacrifice du ronin, se transperçant lui-même de la lame de sang pour vaincre Agat. Mais il ne s’agit là que du début de leur affrontement, car le dénouement prendra place au XXIe siècle, dans un futur chaotique, immoral et asphyxié.

Case (double page) issue de Ronin © 1983, DC Comics, 2016, Urban Comics, Frank Miller

Case (double page) issue de Ronin © 1983, DC Comics, 2016, Urban Comics, Frank Miller

Frank Miller, âgé de 26 ans lorsqu’il créé Ronin, puise son inspiration dans de nombreux mangas alors encore inconnus du grand public à l’époque, comme Lone Wolf and Cub ou Zansatusha de Gōseki Kojima. L’effervescence de Métal Hurlant dans les années 80, avec des auteurs comme Philippe Druillet ou Mœbius, influencent également le travail du jeune prodige. Ces deux penchants combinés forment le trait de Ronin, où il possible de passer d’un Japon féodal aux scènes d’actions séquencées et mouvementées (presque animées), à un New-York futuriste aux décors bordéliques et peuplés de punks dégénérés (Cyberpunk oblige !). La ligne saillante et ombragée de Frank Miller est bien là,  la structure des personnages et du décor laisse percevoir l’appartenance de l’auteur à un autre genre auquel il souhaite rendre hommage : le comics classique d’un Jack Kirby, d’un Steve Dito ou d’un Don Heck.

http://www.adrienvinay.com/wp-content/uploads/2017/09/pu_Ronin_080.jpg http://www.adrienvinay.com/wp-content/uploads/2017/09/pu_Ronin_081.jpg

En plus d’être une claque graphique, le récit hors normes de Frank Miller lui permet d’aborder des thèmes commençant tout juste à faire leur apparition dans la culture populaire de l’époque : l’intelligence artificielle, le transhumanisme et l’écologie politique. Il faut aussi noter une touche de féminisme, ce qui est plus qu’inhabituel dans l’œuvre de l’auteur. En effet, Casey McKenna, une afro-américaine, cheffe de la sécurité du complexe Aquarius, est sans nul doute le personnage plus intéressant de l’histoire.

Dessin original pour Ronin © 1983, DC Comics, 2016, Urban Comics, Frank Miller

Dessin original pour Ronin © 1983, DC Comics, 2016, Urban Comics, Frank Miller

Franchement, si vous cherchez un titre à ajouter à votre bédéthèque (et non pas bibliothèque !), allez-y sans réfléchir, Ronin vaut largement le détour. Lors de sa publication initiale, Frank Miller disait à propos de son œuvre, « It’s a super-hero, science fiction, samurai drama, urban nightmare, gothique romance » (citation dans la préface de la réédition américaine de 1987), de quoi en laisser pantois plus d’un et donner aux autres, l’envie d’arpenter les planches de ce merveilleux comics !


Ronin © 2016, Urban Comics, Collection DC Deluxe, 1983, DC Comics, Franck Miller
25,7×16,8 – 336 pages – Broché – Quadrichromie
28€



Trois articles de référence :

Ronin : la plume est plus forte que le sabre, de Thibaut Claudel pour 9emeart.fr,
RONIN, de Mickael Géreaume pour planetebd.com,
Review VF – Ronin, sur dcplanet.fr.

Tags: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Categories

Tags

6 Pieds Sous Terre Aama album Andreas Andreas Martens Angoulême Atrabile bande dessinée bandes dessinées Batman Batman : Année Un Benoit Peeters Blutch Christophe Blain comic books comics Comix Cornélius Dargaud Dark Horse Comics David Mazzucchelli Delcourt Dupuis ehess Fabcaro Fabrice Erre FIBD Fluide Glacial Frank Miller Frederik Peeters Gallimard Glénat journal Spirou L'Association Le Lézard Noir Les Humanoïdes Associés Marvel Comics Mike Mignola Mœbius science fiction Spirou Thierry Groensteen Tintin Vide Cocagne Winshluss